07-01-2015

Ma journée avait bien commencée : un réveil en douceur, un Maxi s’occupant étonnement sereinement des Mectons (il a même été seul avec Chaton, chercher Mini à l’école ^^) Puis, quand les garçons sont revenus, on a, comme tous les jours, regarder Jean-Luc à la télé, Mini aime sa trombine et moi, j’aime répondre aux questions. Après son émission, il y a le journal télévisé de Jean-Pierre. On le laisse car souvent le midi c’est assez léger sur fond de « c’est l’hiver, il fait froid » ou encore « la neige, c’est beau mais c’est froid ». En ce mercredi de janvier, on pouvait s’attendre à un « Les soldes : les français se serrent la ceinture pour pouvoir se battre au rayon lingerie » enfin, tu vois le genre. Sauf que non. Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, Jean-Pierre n’a pas rappelé la météo du jour, parce qu’il faut le dire, on s’en foutait un peu du temps qu’il faisait, il n’a pas non plus énoncé les titres, graves ou futiles, car il n’y avait qu’un titre aujourd’hui.

Aujourd’hui dans ce petit pays qui est le notre, dans cette ville que je n’aime pas qui est notre capitale, est arrivé dans une rédaction d’un journal national que je ne lis pas, l’impensable, l’innommable, l’horrible. Aujourd’hui, des hommes, 3 apparemment, encagoulés et en armes, sont entrés manu militari dans les locaux du journal Charlie Hebdo et on ouvert le feu. Il y a de nombreuses victimes : des anonymes, des journalistes, des dessinateurs et des officiers de police. Aujourd’hui, à l’heure du déjeuner, des hommes ont commis l’irréparable au nom d’un Dieu qui prône pourtant l’amour et le partage. Je ne suis pas croyante, mais j’ai suffisamment d’amis de toutes religions pour me confirmer qu’aucun Dieu ne souhaite la mort.

Aujourd’hui, j’ai beaucoup pleuré devant l’horreur dont l’homme est capable, et je n’ai heureusement pas eu à expliquer le pourquoi à mes garçons, trop petits pour saisir ce qu’il se passait. J’ai passé ma journée à jouer avec eux, à essayer de me distraire au pays des bisounours, pour ne plus pleurer, pour croire encore un peu que l’homme est bon. J’ai réfléchi toute la journée à comment évacuer ce bouleversement intérieur, alors j’ai décidé d’écrire et j’ai eu beaucoup de mal à construire cet article pour qu’il soit clair. J’ai également fait un petit dessin, tout moche, tout minable, mais je trouvais important de dessiner aujourd’hui, plus qu’un autre jour, puisque des hommes étaient morts pour cet art et pour en avoir fait leur mode d’expression.

Ce soir, comme beaucoup, je suis toujours choquée et incrédule, mais l’homme m’a montré qu’il était bon, en des dizaines de rassemblements partout dans le monde, pour montrer à tous que la peur n’est pas une option !