Un demi sucre
Quoi de plus anodin qu’un demi-sucre dans une boite à sucre ? Rien. Et pourtant ce demi sucre pèse tellement lourd sur mon coeur.
Dans mon thé, je ne met que des sucres entiers. Deux pour être précise, alors je n’en vois pas souvent, des demi. Pour prendre des demi sucres, il faut des demi tasses surement ou un « petit café » Et du café, je n’en bois pas. Pas plus que je ne prend de demi sucre.
Mais toi, tu en bois du café. Et de tes mains rêches, abîmées par le travail, tu casses les sucres pour en faire des demi. « Un demi sucre dans un petit café » voilà comment je devrais me souvenir de toi. Mais je me souviens de ta peau douce et chaude, de ta voix assortie, de tes mains et de tes yeux à la place. Je me souviens d’un moment agréable, hors du temps, d’un instant si doux que j’aurai aimé qu’il durer toujours, là, contre toi, à t’écouter parler, me raconter ton fils, tes projets, tes envies, les 10 hectares les yourtes, l’hydromel… ta main dans la mienne et tes regards plein de connivence. Mais comme toutes les bonnes choses, cet instant est arrivé à sa fin, tu l’as marquée d’un baiser sur ma main, avant de te lever, je t’avais déjà mis en retard, je ne pouvais vraiment pas le faire durer plus. Et tu es parti, non sans un regard complice et la promesse que tu reviendrai.
Mais voilà, tu ne reviens pas ni ne parle ou écris, tu ne souris plus non plus, même virtuellement. Tu n’es plus qu’un chouette souvenir, celui d’un regard, celui d’un contact.
Et ce demi sucre qui me nargue, seul, au fond de sa boite.