La vie de la Tribu

Alors ? Chochotte ou Guerrière ?

En lisant Petits Diables puis Mamananonyme, j’ai voulu exprimer mon avis (ce que j’ai fait en commentaire) mais, en y repensant, j’ai eu envie de compléter cette opinion, ce que je fais ici, du coup (en même temps, c’est moi qui choisi de quoi je parle ici ^^) Ces 2 articles parlent du choix de l’accouchement. Oui, chaque femme, et peut être même chaque couple (car c’est une décision personnelle mais pas que) rêve son accouchement, émet des envies, des désirs qui sont parfois même des convictions. Parmi tous ces gens, il y a les « tout naturel » bobo, écolo qui sont contre toute forme de participation extérieure à ce qu’elles estiment être leur DEVOIR, leur BUT, leur MISSION ; et les « tout médical » qui partent du principe que le médecin est un être omniscient et que 50 ans de progrès médicaux n’ont été faits que pour son confort (Oui, je force le trait volontairement) Pour moi, les unes comme les autres sont des extrémistes (c’est mon avis) et peuvent desservir le reste des femmes qui, comme moi, ont essayé d’avoir le meilleur accouchement possible en mêlant les 2. Je ne suis pas là pour dire « c’est bien, c’est pas bien » mais je vais partager avec toi ma propre expérience (la seule que je connaisse suffisamment pour être objective) car j’estime n’être dans aucune catégorie et pourtant avoir réussi mon accouchement (et je ne dois pas être la seule ^^)

Personnellement, et après en avoir longuement discuté avec Maxi (et le gynéco) j’ai décidé d’accoucher dans la douleur « raisonnable ». C’est à dire que je ne voulais pouvoir ressentir le « passage » de mon bébé pour l’impact psychologique puissant que ça représentait et que je te raccourcis ici : Il n’est plus dedans, il est dehors ! Je ne voulais donc pas être lourdement anesthésiée et paralysée par les « jambes de plombs » dont j’ai souvent entendu parler. De plus, n’ayant jamais été anesthésié ( à part pour quelques dents) je ne savais pas comment j’allais réagir (physiquement) ce qui ajoutait à mes réserves. j’ai exprimé tout ça à l’anesthésiste qui en a pris bonne note (je l’espère) et j’ai oublié tout ça jusqu’au jour J.
Le Jour J arrive (enfin c’était la Nuit N mais bon, ne soyons pas tatillons) Après une journée en demi-teinte, la soirée est inconfortable, je suis installée dans mon canapé dans lequel j’espère encore que je vais dormir (j’ai abandonné mon lit à belle-maman venue, de Nîmes, pour nous aider les premiers temps) J’ai mal. Au dos. Je cherche une position confortable. je tourne, je vire, je n’ai pas la certitude que ce soient des contractions, je regarde la télé en attendant que ça passe en plus c’est Supernatural, pas question que je le loupe. Ça passe pas et n’étant pas si blonde (même si je m’applique) je pense à noter ces douleurs fulgurantes sur un Post-it : les vraiment violentes sont tous les 1/4 d’heure, mouais, c’est suspect c’t’affaire ! J’appelle maxi, au travail (il est 02H30 du matin) je lui dit que c’est « probablement » l’heure, son chef l’engueule de ne pas être encore parti, il me dit qu’il arrive. J’ai envie de mourir (oui, je peut être chochotte) Il y a 20 minutes de route entre maxi et moi, et Re-20 minutes entre nous et la mater’ (la même route mais dans l’autre sens) Belle-Maman se lève, me soutient comme elle peut (la pauvre, je ne suis déjà pas commode en temps normal) maxi arrive, il nous charge, mes valises et moi, dans la voiture et on part pour LE moment de notre vie. Il est 02H50.
Arrivés au pôle femme mère-enfant, on est rapidement pris en charge puisqu’à 03H00 du mat’ y a pas foule, un examen de contrôle et c’est parti pour une heure de monito dans une petite pièce peu accueillante avec un Maxi terrorisé et malmené (Lui : « chérie ? dans quel ordre les prénoms de Mini ? » Moi : « Comme tu veux, j’m’en fous … je MEURS! ») Gentille sage-femme, la prochaine fois, la paperasse, tu me la donnes après la péri, merci bisous <3
Fin du monito, tout le monde va bien, aheum, on me propose un bain (chouette) Pendant que Gentille sage-femme le prépare, je « vole » un verre d’eau (pas bonne) (oui, une fois passées les portes de la maternité, tu ne peux plus rien avaler, sache le) Je vais barboter dans mon bain, à presque 05 heures, il a une saveur toute nouvelle et je tiens environ 4 secondes (en vrai, j’ai tenu 3 contractions) et je sors mon joker : PÉRIDURALE !

Alors, dans ma tête, vidée par la douleur, de primipare enfantant, le simple fait de dire « péridurale » allait annihiler la douleur instantanément. Oui….mais Non ! Avant de pouvoir respirer à nouveau sans sangloter, il faut :
– qu’on t’installes en salle de naissance (oui, de nos jours elle ne sont plus de « travail » apprécies la nuance )
– qu’on te branche à tout un tas de trucs que-tu-n’as-pas-vraiment-demandé-et-que-tu-sais-pas-ce-que-c’est (mais tu t’en fous, t’es ailleurs, là)
– qu’on appelle l’anesthésiste (qui même au milieu de la nuit est TRÈS occupé)
– qu’on attende l’anesthésiste (mais qu’est ce qu’il fout ce clampin ?!)
– que tu envoies Maxi chercher l’anesthésiste ( « Fais quelque chose, bordel ! Tu vois pas que je souffre là ?! Mais il fout quoi ce con d’anesthésiste?! »)
– que l’anesthésiste (enfin !) et son infirmière virent Maxi de la salle (et il boude)
– que l’anesthésiste te fasse ta péri en 8 fois ( je désinfecte, « contraction » j’anesthésie localement, « contraction » je vérifie que je suis au bon endroit, « contraction » bon je pique, « contraction » etc…)
Et là, elle (oui l’anesthésiste est un madame) te dit : « Ça va mettre un peu de temps à faire effet complètement, mais vous devriez sentir une amélioration graduelle »
J’ai toujours envie de mourir, mais je suis bien élevée alors je dis Merci, et elle me restitue mon Maxi, un peu tendu. La contraction suivante est violente mais je ne pleure plus, la suivante, elle fait mal, celle d’après, elle pique un peu, et après, c’est Maxi qui me l’indique en lisant le monito. Ô joie, il est 05h45 et je n’ai (enfin) plus mal mais je tuerais pour un verre d’eau. Pour célébrer cet état de grâce, je dors. Vers 07H00, Gentille sage-femme vient m’examiner, la poche des eaux se rompt ; le « vrai » travail va commencer. Je me met sur le côté, pour être mieux et parce que j’ai mal au dos et aux fesses et la sage-femme me suggère « d’accompagner les contractions » pour faciliter la poussée finale. Au bout d’une heure, je ne sens plus ma jambe gauche et j’ai de nouveau mal, je suis exténuée et je tuerais pour un verre d’eau, je te l’ai déjà dit, non ?! C’est le changement de garde et on me présente MON sage-femme (moi qui me demandais pendant toute ma grossesse si je serais gênée d’être nue devant un homme inconnu, je me suis pris la réponse en pleine tronche : quand t’accouches, tu t’en fous, tu veux juste que ça se termine ! )
Cyril (le sage-femme) me demande comment ça va, je lui répond que j’ai mal, que je tuerais pour un verre d’eau et que je suis fatiguée (ça fait 24 heures que je n’ai pas dormi) Il me répond que je n’ai qu’à appuyer sur le bouton pour ne plus avoir mal (je suis trop sage, je n’ose pas) que je n’aurais pas d’eau avant d’être ne chambre (je vais mourir de déshydratation) et que je DOIS dormir pour pouvoir pousser. Maxi me colle un shoot de péri et me chante une berceuse et s’endort.
Environ une heure après, c’est l’heure : Mini est prêt ! Je me met en position « gynéco » parce que je ne suis pas bien sur le côté, malgré la péridurale, je sens Mini faire sa descente : sensation très étrange et indescriptible. Ils sont 3 à me dire que je suis formidable et que ce que je fais est fantastique, ce qui me tape prodigieusement sur les nerfs sachant la distance que je dois faire faire à Mini, je me trouve hautement inefficace de ne pas y parvenir du premier coup. Cyril joue avec les cheveux de Mini et me fait une petite épisio (visiblement le brushing de mon fils ne passe pas) deux poussées de plus et Mini fait son apparition. Il est 09H51.

Pendant que Maxi et la puéricultrice s’occupent de Mini, Cyril me recouds, je suis apaisée, je le sens travailler mais ça n’est pas douloureux, ça chatouille même. On m’amène en chambre aux environs de 13h alors que je récupère mes sensations surtout dans une jambe, et ma première levée a été pour 15/16h .

Voilà mon expérience de l’accouchement et je ne le trouve pas parfait, mais je me suis sentie écoutée et respectée. Le prochain sera surement différent : je ferais en sorte d’avoir une préparation adaptée à mon cas, je saurais reconnaître les contractions et donc mieux les appréhender. je tiendrais peut être le coup et ferais sans péridurale. Mais si mon corps me rejoue la même partition, et bien on refera ce qu’on a déjà fait, et on sera heureux comme ça. Ce qui est bien, c’est que ce n’est pas l’accouchement ni son déroulement qui nous rend heureux, mais sa finalité et ça, ça n’est jamais loupé 😉

6 commentaires

  • mamananonyme

    ;-D
    Merci pour cet avis et ce récit d’accouchement.

    Ni chochotte, ni guerrière, juste une femme avec ses peurs, ses doutes, ses douleurs, son courage !

    Mais je ne me sens pas guerrière non plus… mon envie d’accouchement sans péri n’était pas idéologico-ecolo-bobo, c’était juste pour faire au plus simple pour ce moment précis.
    Pour ne pas « subir » des gestes invasifs qui parfois font plus de mal que de bien et qu’on ne nous explique quasiment jamais 😉

    bises

    • Lulu

      Merci d’être passer me lire !

      J’avais bien compris que dans ton cas, l’accouchement sans péri n’était pas idéologique, mais une réponse à ta déception du milieu hospitalier (ce que je comprends)

  • Linosqui

    En effet je ne suis pas sure quil faille à ce point catégoriser les gens, toutes les femmes qui ne souhaitent pas de péri ne sont pas forcément des guerrieres ecolo bObo idéo blablabla, dit comme ca, ca donne l’impression que la personne n’assume pas son choix de péri et c’est juste domage.
    J’ai accouché sans péri deux fois: la premiere ca a duré 23h, je la voulais, la femme sage n’était pas d’accord (sympa oui je sais), bah j’ai fais sans hein pas trople choix…
    Le deuxieme je ne la voulais pas! J’avais fait sans, j’etais pas morte et surtout je voulais rentrer chez moi le jour meme pour retrouver mon autre monstrouille. J’ai souffert, ce fut rapide et inhumain mais je suis rentrée chez moi très rapidement, avec mon bébé, toutes les deux en pleine santé et pour moi ça vaut bien de souffrir un peu, tout simplement 🙂

    • Lulu

      Comme je l’ai dit, j’ai forcé le trait pour mettre en avant les extrêmes qui nous « harcèlent » à notre époque.
      Ta première SF n’était qu’une « vilaine morue » 😉 Mais ravie que cette expérience t’es permis de choisir de souffrir pour la deuxième.
      J’espère moi-même y parvenir pour le prochain, car je veux connaitre cette expérience, mais si non, ben tan pis 🙂

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