La Tribu parle

Il était une story : l’image d’Epinal de la maternité

Je reviens sur le blog après une longue absence (le confinement/déconfinement et l’école à la maison ont raison de mon temps libre) avec une nouvelle rubrique : Il était une story. 

Cette rubrique m’a été inspirée lors de mes longues nuits d’insomnie que je passe sur Instagram majoritairement (mais parfois ailleurs) où je regarde les stories de mes amies. Parfois, ces stories parlent de sujets passionnants, qui me touchent, qui me parlent et bien que j’y réponde en commentaire, c’est pas toujours suffisant pour satisfaire mon cerveau prolixe (surtout la nuit ^^) 

Du coup, me voici ici, pour vous exposer mes réflexions ! Je ne suis experte en rien, pas même en ma propre expérience, c’est plus une conversation à sens unique (que je vous invite à transformer en double sens grâce aux commentaires) alors pas la peine de venir jouer les réprobateurs si l’envie vous chatouille. Je n’ai rien contre la discussion éclairée mais je me passe aisément des confrontations. 

Pour ce premier numéro, c’est une story de Isabelle qui m’a inspirée. Elle partageait son vécu de maman solo et de l’image que la société avait d’elle. Elle évoquait aussi le stéréotype qu’on nous vendait sans cesse sur la maternité qui était finalement bien mensonger. 

La maternité : rêve éveillé ? Je ne crois pas

Ce n’est un scoop pour aucun parent je pense, quand on se lance dans l’aventure de la parentalité, tout le monde nous dit « tu vas voir c’est génial, les enfants c’est formidable ». Bien que les pères soient impliqués et connaissent ce genre de réflexion, je vais plutôt parler ici des mamans (car j’en suis une pour commencer) qui subissent une pression sociale de ouf pour être « la mère parfaite » 

Lorsque l’on veut un enfant ou que l’on débute une grossesse (tout le monde ne planifie pas le truc ^^) l’entourage vient nous dire combien c’est le moment d’être épanouie, que c’est un moment de partage intense avec son enfant. On nous dit combien on va être rayonnante et qu’on peut se faire plaisir sur la nourriture car on « mange pour deux, lol ». 

Bizarrement, on nous parle pas du mal de mer constant, non. On va juste nous dire que les nausées existent mais c’est pas si pire. A toi qui pense que ça n’est pas si pire, je t’invite à vivre une gueule de bois qui dure 9 mois, 40 semaines de mal de mer alors que t’es à quai. On ne nous pas non plus que notre goût va changer : des trucs que tu adorais vont potentiellement te faire vomir rien qu’à l’odeur #joie. 

On nous dit volontiers que notre corps va changer. Mais oui, on va s’épanouir ! Entend par là que tu vas avoir une belle peau quelque part dans le 2e trimestre et des gros nichons. En vrai, notre corps est dévasté ! C’est la guerre des tranchées pour tes organes internes, imagine, un ballon d’environ 8 kg (à terme) qui pousse tout là-dedans sans aucune délicatesse. C’est aussi les vergetures qui resteront à vie telles des rayures de tigresse, la peau molle / distendue du ventre qui après plusieurs grossesses reste (je t’invite à regarder les stories à la une « abdominoplastie » de Milena pour comprendre cette transformation profonde) 

L’accouchement est lui aussi idéalisé et je ne t’en parlerai pas ici mais sache qu’en dehors de la bataille que livre ton corps à ce moment-là (je dirai juste que l’une des phases s’appelle « désespérance » ça en dit long) ça n’est pas un moment hyper glamour (un indice : fluides 😀 ) 

Ton enfant est là, tu lui es dévouée et tu aimes ça

Une fois que ton enfant est né et que tout le monde a validé qu’il était  » beau, c’est le plus beau, tu l’as bien réussi » tu dois exceller. Visiblement, dans l’inconscient collectif, l’enfant n’est pas relié à un placenta mais à un mode d’emploi. Genre, il a un livret de 156 pages en 12 langues ficelé à la cheville et à chaque fois qu’il fait un truc qui t’échange, tu peux y trouver une réponse. 

maternité et mode d'emploi

Que nenni ! Ce merveilleux petit être qui sort de tes entrailles va faire ouat milles trucs qui t’échappe, et sa grande spécialité c’est piétiner toutes tes certitudes. tu vas douter et craindre toute ta vie, pour tout, tout le temps (par exemple, quand le diagnostic  de Mini a commencé, j’en suis venue à me demander si le fait que je sois sortie pieds nus dans la rue sous la pluie n’avait pas joué un rôle dans son état….. Oui oui oui) Tu vas te blâmer pour tout (voir exemple précédent) Tu auras l’impression d’être un bulot cuit la moitié du temps. 

Le pire dans tout ça, c’est qu’on te badigeonne du sacré saint « instinct maternel » donc tu aimes ton enfant inconditionnellement…… Mais ? Mais si c’est pas le cas, à qui tu peux en parler ? A qui tu peux dire que tu ne te sens pas lié à cet inconnu si petit si fragile et si compliqué à la fois ? Ben à personne ! La maternité – félicité fait des dégâts car elle isole des mères fragiles, qui ne collent pas forcément à cette image d’Epinal car pour elles c’est plus long à se mettre en place. 

j’aimerai qu’on me dise pourquoi on passe toujours sous silence les moments pas funs. Ok, on nous dit en rigolant  » ah tu vas plus dormir, tu verras, les premiers mois c’est dur ». Ouais c’est dur, mais des fois ça dure des années, et là, y a plus de blague, plus de regard mi amusé mi compatissant, non. Non, passé le délai entendu, tu deviens un « mauvais parent ». Ton enfant ne dort pas dans sa chambre toute la nuit, c’est de TA faute. Ton enfant est ENCORE allaité à tel âge ? TA faute. Ton enfant n’est pas continent avant l’entrée à l’école ? TA faute, etc. 

Voilà ce que moi je veux te dire de la maternité

Alors, c’est beau de râler (ouais je sais, je maîtrise le sujet ^^) mais qu’est ce que je propose. Et bien, je vais te partager ici ce que j’ai envie de te dire, à toi, futur ou jeune parent. 

La maternité, la parentalité, c’est une expérience incroyable. Ça va bouleverser ta vie, d’une manière ou d’une autre. Pour commencer, si tu enfantes, ton corps va être transformé, discrètement ou radicalement et ça sera peut être difficile à accepter pour toi. Ceux qu’on appelle « les kilos de grossesse » deviendront peut être ta nouvelle silhouette, et c’est pas grave, tu sera quand même une bonne mère, une « bonne » femme. 

Ta maternité sera unique car c’est la seule qui se passe entre toi et tes enfants. La mienne, comme beaucoup d’autres, est pleines de doutes et de souffrances. Les souffrances commencent dès l’accouchement, pas l’acte en lui même, mais le premier jour. Le premier jour, ton corps est dévasté, ton enfant est là tout neuf, familier et étranger à la fois. Ce premier jour, tu vas probablement être épuisée, en chute d’hormones et alors que tu penses que ça va aller mieux les 2 jours suivants vont être encore pire. Ces jours là, tu vas vivre la montée de lait (source de douleur garantie) que tu accueilleras différemment selon tes choix, tu poursuivras ta descente d’hormone ce qui te donnera l’impression d’être au bout de ta vie. Tu porteras des couches adultes car tu te videras de ton sang (pendant encore un looooooooonnng moment) Tu perdras potentiellement tes cheveux. En terme de glamour en gros, t’aura une note en négatif ^^ Mais ça non plus c’est pas grave. 

Maternité - glamour
Autoportrait de salle d’eau de chambre de maternité, gros nénés à l’agonie, ventre mou en mouvement et culotte sexy AF 🙂

De retour à la maison, tu remettras en question chacun de tes choix ( à vie, de ce que je peux en dire de ma petite expérience) et les autres le feront aussi d’ailleurs #jugement. Ne t’inquiètes pas car selon le prisme de chacun, tu allaiteras trop long ou pas assez, ton choix de cododo sera bon ou mauvais, les biberons seront l’enfer ou le paradis, ta vie sexuelle sera trop tardive ou prématurée, même le nombre d’enfants que tu as ou leur genre sera sujet à jugement (je te laisse en discuter avec Zaza qui a 4 garçons certainement plein d’avenir 😉 ) 

Que les gens soient de simples gens ou des professionnels de divers domaines (santé, éducation…) ils trouveront toujours à redire car tu n’entreras pas dans leur case, car tu ne seras pas dans leur réalité. Mais ça n’est pas grave, tu seras dans la tienne. Elle sera belle, lumineuse, colorée, douloureuse, froide et violente. Un tourbillon sans vie que tu as choisi. Tu pleurera, souvent seule, le soir, discrètement. Mais tu rira aussi, aux éclats, pour des bêtises, à des bêtises de tes enfants (mais tu essaiera de le faire discrètement car c’est « pas bien les bêtises » ) 

Quotidiennement, je suis épuisée par mes enfants, qui sont pourtant grands maintenant (6 et 9 ans, en théorie je suis sortie de la tornade du début) Chaton ne dort pas généralement dans son lit et il n’est pas continent la nuit (alors qu’il va entrer au CP, mauvaise mère!!) Je suis étonnée régulièrement par ces petits d’homme qui recèlent des myriades d’idées, de réussites, de magie. Et le truc le plus fou d’entre tous, c’est qu’ils sont sortis de mon corps, c’est moi, avec mes défauts, mes incertitudes et mes doutes qui les ai fabriqués. J’en suis surprise chaque jour. Je ne suis pas une mère parfaite, je ne suis même pas sûre d’être une bonne mère….

Je suis une mère moyenne.

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