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Les lectures imposées à l’école, est ce une bonne idée ? #IEUS

Ce week end, j’ai été interpellée par ce tweet classiste, qui se plaint de la qualité des lectures imposées. 

Ce n’est pas la première fois que je tombe sur ce genre de discours et aujourd’hui j’avais envie d’y réagir. Ca va faire 20 ans que j’ai quitté l’école et j’ai toujours en grippe certains ouvrages qu’on a voulu m’y faire lire. Pour répondre au tweet, j’ai détesté Molière pour un milliard de raisons et je n’ai jamais lu un ouvrage de Hugo. J’ai eu été confronté à quelques vers de  » Demain dès l’aube ». (Je n’ai même pas vu l’adaptation de Disney de Notre Dame de Paris, c’est dire ^^) 

Depuis que je peux construire ma pensée, j’ai un problème avec les lectures imposées. Je suis une fervente lectrice, j’essaie de transmettre l’exercice à mes enfants également. Mon agacement vient du fait de nous obliger à lire tel ou tel ouvrage à tel moment de notre vie. 

J’avoue, j’ai de plutôt bons souvenirs de mes lectures de primaire que voici : 

  • Crin Blanc, René Guillot
  • Tistou les pouces verts, Maurice Druon
  • Le petit prince, Antoine de St Exupéry

Il y en a probablement eu d’autres mais je ne m’en souviens pas (et ne les ai pas à la maison) . Ces lectures étaient assez récréatives et les questions les entourant relevaient plutôt de la compréhension littérale de texte. 

Les lectures imposées au collège, le début des ennuis ?

Lectures imposées - collège

Voilà un extrait de ce que l’on m’a demandé de lire au collège. Je dis un extrait car, par exemple tu ne verras pas Molière que j’ai jeté aussitôt l’année scolaire terminée. Il manque également le célèbre Faucon déniché que toute ma génération a lu ( je pensais l’avoir gardé, mais apparemment non) 

Parmi ces ouvrages, il y en a qui m’ont marqué, en bien ou en mal. Ils en a que j’ai adoré et d’autres que j’ai profondément détesté. Et c’est bien là tout le problème des lectures imposées : l’élève n’est pas forcément en capacité de recevoir le message. 

 

Lectures imposées - les classiques

Au lycée, fini l’éclectisme, c’est juste une longue succession de classiques. Une fois encore, le message est il toujours saisi ? Est ce vraiment important à ce point de faire lire des archétypes des siècles passés à des jeunes en construction ? Dans les 3 ouvrages (rescapés) que tu vois ci dessus, Thérèse Raquin est l’exception, car je l’ai lu en entier et pas détesté. Ce qui est déjà une réussite pour un Rougon Macquart 😉 Les autres que j’ai pu croisé lors de mes 5 années de lycée ( chut !) je n’ai lu que les chapitres qu’on étudiait. J’ai poussé le vice à lire le chapitre en question pour la première fois au bac 😬 .  Phèdre, je ne l’ai jamais ouvert, et mon frère l’a vandalisé ( je viens de voir ça^^) Rimbaud, je l’aime d’amour ♥

Tout ça pour te dire quoi ?

Je t’ai partagé ici mon expérience d’élève. Une longue succession d’ouvrages pas toujours attrayants qu’il FALLAIT lire. Pourquoi ? Parce qu’ils sont au programme. Mais en dehors de ça, pourquoi ? Pourquoi il est plus important d’étudier Zola que King, Rousseau que Yourcenar, le drame grecs plutôt que l’impro moderne ? Aucun enseignant de ma carrière d’élève n’a été en mesure de me répondre. Tu dois lire ces ouvrages, alors sois gentil, lis les, fais ta fiche de lecture, ton étude de texte, ta dissertation d’analyse sagement. Pour les trois quarts des classiques, j’ai trouvé ça hors de propos, long et chiant. mais est ce qu’à 15 ans, on est disponible pour comprendre la confrontation de classes présente en sous texte ou analyser que quand Balzac décrit une porte, c’est presque du porno. 

J’approche de la quarantaine ( l’âge pas l’isolement ^^) et j’ai relu certains de ces ouvrages. Notamment Niourk qui m’avait tellement dérangé à l’époque. Je l’ai vu d’une toute autre façon et je l’aime beaucoup maintenant. J’envisage même de me lancer dans les Rougon Macquart, tout n’est pas perdu. Mais je le fais volontairement, et c’est là l’important. La volonté. 

Les adultes se plaignent du manque de culture des jeunes car souvent ils ne partagent pas la même. Mais forcer quelqu’un à faire quelque chose c’est souvent assez contre productif, non ? Ca s’applique aussi à la culture en fait 😉 

La culture, entité toujours en mouvement

Pour que les jeunes découvrent les classiques, je pense qu’il faut qu’ils nous voient les lire ou les regarder ( les adaptations sont nos amis) Cependant, laissons aux jeunes la possibilité d’expérimenter. Par exemple, Mini est en CM1, la lecture est donc acquise, on arrive donc à l’étude de texte. Son enseignant demande une lecture par mois avec une fiche de lecture. Mais le choix de la lecture est totalement libre. Chaque enfant peut prendre l’ouvrage de son choix et donc dans ses capacités. Mini ne lisait que des BD jusque là (et je suis tout à fait OK avec ça, ca reste de la lecture au même titre que les revues scientifiques ) Cependant, il a choisi, accompagné de son enseignant, un ouvrage qui serait un bon compromis entre le roman et la BD afin de compléter l’exercice. Il se plie chaque mois à l’exercice et je trouve ça hyper chouette. Il a même, le mois dernier, choisi un livre de la maison pour son exercice. 

Je sais qu’une de ces petites camarades dévore des sagas entières à la vitesse de l’éclair et peut être même qu’elle attaquera les classiques prochainement ( sa mère est prof de français : il doit y avoir toute sorte d’ouvrage dans sa bibliothèque)

Chaton, lui, il sait lire depuis le printemps dernier. Depuis Noël, il dévore la bibliothèque rose de mon enfance. Je n’ai aucun doute qu’il sera ravi de découvrir mille et une histoires au fil de sa scolarité. ( Peut être fera t’il comme sa mère et lira t’il Moby Dick avant 10 ans ^^) 

Arrêtons les lectures imposées

Chacun avance à son rythme, avec ses affinités. Arrêtons d’imposer des lectures, des œuvres, des artistes. Laissons les jeunes s’exprimer, expérimenter et choisir. Accompagnons les, proposons, soutenons les. Il y aura toujours quelqu’un pour aimer les classiques, quelque soit l’âge auquel il les aura découvert. La culture est une entité vivante ! 

Pour ma part, j’ai aimé Shakespeare grâce au cinéma. J’ai découvert le théâtre avec Jacqueline Maillan, la peinture en cours d’espagnol. J’ai été bouleversé par Antigone et j’ai appris la misogynie avec Molière 🤢  en littérature de collège, bien sûr. Guernica de Picasso était exposée taille réelle dans mon lycée, ce qui m’a amenée à faire des recherches sur le sujet. Un peu comme Mini qui me questionne sur le nom de son école (Jean Charcot) C’est qui ? Il a fait quoi ? Voilà un cheminement intéressant.

Et maintenant, je vais combler ma lacune en classiques romantiques grâce à la réédition de la collection Cranford ( car je n’ai lu que Jane Eyre dans ce rayon ^^)  

Et toi ? Tu la vis comment la culture ? 

 

3 commentaires

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